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Mon fiancé, sa mère et moi
Mon fiancé, sa mère et moi Read online
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DU MÊME AUTEUR DANS LA COLLECTION RED DRESS INK
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Épilogue
© 2008, Brenda Janowitz. © 2009, Traduction française : Harlequin S.A.
978-2-280-85023-0
DU MÊME AUTEUR DANS LA COLLECTION RED DRESS INK
Comment j’ai survécu au mariage de mon ex (n° 63)
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
83-85, boulevard Vincent-Auriol, 75013 PARIS — Tél. : 01 42 16 63 63
Service Lectrices — Tél. : 01 45 82 47 47
www.harlequin.fr
— ISSN 1761-4007
Cet ouvrage a été publié en langue anglaise
sous le titre :
JACK WITH A TWIST
Traduction française de
CAROLINE CHAMINADOUR
Illustration et réalisation graphique couverture :
V. JACQUIOT
HARLEQUIN®
et Red Dress Ink® sont des marques déposées du Groupe Harlequin
Prologue
Et ils vécurent heureux pour toujours…
J’aurais dû demander à ma mère des éclaircissements sur ce qui arrive après le moment où ils s’éloignent main dans la main dans le soleil couchant. Leur cheval blanc les attend-il devant Bloomingdale’s pendant qu’ils déposent leur liste de mariage ? Est-ce que leurs familles se déchirent sur le choix du château dans lequel aura lieu la réception du mariage ? Et en cas de désaccord, est-ce que l’un des fiancés se jette dans les douves ?
Quand j’avais douze ans, j’aurais dû poser la bonne question.
Pourquoi ne l’ai-je pas fait?
1
Aujourd’hui devrait être le plus beau jour de ma vie. Mais j’ai plutôt l’impression que c’était le jour où Jack m’avait demandée en mariage. Certes, cette journée sera à marquer d’une croix blanche. Après tout, j’adore le shopping et la perspective de me marier prochainement avec Jack m’enchante, donc je devrais adorer faire les boutiques pour choisir ma robe de mariée. Quoi de mieux que de combiner ces deux fabuleux programmes, sauf peut-être un pot de crème glacée au beurre de cacahuètes de chez Reese? Ou bien l’achat de mes chaussures de mariée ? Le fait est que je devrais être aux anges, alors que c’est tout le contraire. Car je dois à présent affronter le regard sévère de ma mère, ainsi qu’une vendeuse odieuse qui se permet de me faire de désagréables commentaires à propos de mon poids.
Résultat, je me sens de plus en plus mal.
C’est réussi!
— Envisagez-vous de maigrir avant votre mariage ? me demande la vendeuse.
— Heu? Oui…, dis-je prudemment en pivotant légèrement pour tenter de priver ma mère du reflet de ma cellulite largement mise en valeur par les trois miroirs devant lesquels je suis plantée.
Sans un mot, la vendeuse remonte la fermeture Eclair de ma robe, et je me retourne pour faire face à ma mère, elle-même en grande tenue.
— Oh, mon Dieu, Brooke ! s’exclame Vanessa, ma meilleure amie, tu es si belle que je crois que je vais me mettre à pleurer.
Vanessa n’est pas du genre à pleurnicher – en huit ans, je peux compter sur les doigts d’une seule main les fois où je l’ai vue craquer – alors si elle dit qu’elle est sur le point de verser une larme, c’est que la robe doit être vraiment belle.
— Elle est affreuse, je ne l’aime pas du tout, dit ma mère. Enlève-la!
Puis, s’adressant à la vendeuse, elle ajoute :
— Vous n’auriez pas quelque chose avec des manches pour cacher ses bras un peu… grassouillets ?
Elle a articulé le mot « grassouillets » en silence, comme si elle ne voulait pas que je l’entende, alors que je me tiens à moins d’un mètre d’elle.
— J’ai entendu, dis-je en tendant la main pour saisir la coupe de champagne que j’ai confiée à ma mère pendant mon essayage.
Quand on me l’a servie, je croyais encore que choisir ma robe de mariée serait un moment de douceur et de joie partagée. Mais maintenant que ma mère et la vendeuse se sont mises d’accord sur le fait que je suis trop grosse, je pencherais volontiers pour quelque chose de plus corsé. Cela dit, n’ayant rien d’autre sous la main, je me contenterai des petites bulles.
— Pas de calories inutiles, rétorque ma mère en m’ôtant la coupe des mains pour la boire à ma place, je veux seulement te trouver une robe qui te mette parfaitement en valeur, bébé.
N’ai-je pas omis de signaler que ma mère de cinquante-deux ans, à la chevelure blond miel et qui fait un petit 36, est bien plus séduisante dans sa robe que moi dans la mienne ?
— Marilyn Monroe faisait du 42 à l’apogée de sa gloire, et personne ne lui a jamais reproché d’être grosse. Je ne fais que du 40.
— Chérie, reconnais que Marilyn était un peu grassouillette, renchérit ma mère en admirant son reflet dans le miroir.
Si je n’avais pas besoin de travailler et si je prenais des leçons de tennis trois fois par semaine comme ma mère, je rentrerais, comme elle, dans un 36. Cela dit, si j’avais du temps libre, j’aime à croire que, plutôt que de jouer au tennis et au mah-jong, je ferais du bénévolat et me consacrerais à des œuvres charitables, comme Angelina Jolie.
Et au shopping.
Comment? Mais d’où sortez-vous ? Pour tous ces dîners avec des gens importants des Nations unies et tout le reste, il faut bien de nouvelles tenues, non ?
— Ta silhouette est parfaite, dit Vanessa.
Je n’en attendais pas moins d’elle. C’est normal, c’est ma meilleure amie. Et c’est ce que sont censées dire les meilleures amies dans un moment pareil, c’est écrit dans tous les guides sur l’amitié. A bien y réfléchir, je crois que c’est aussi écrit dans le Manuel de la parfaite girl-scout. Il faudra que je vérifie un de ces quatre. Quoiqu’il en soit, Vanessa doit me faire ce genre de compliment. Et me dire que j’ai l’air mince dans cette robe, parce qu’elle-même – parfait sosie d’Halle Berry – est grande et mince, alors que je suis plutôt petite et ronde et que je ne suis le sosie de personne. Oui, Vanessa est magnifique et c’est toujours ma meilleure amie. Je crois que cela en dit long sur mon caractère, vous ne croyez pas ?
— Vanessa a raison, dit ma mère qui vient de vider ma coupe de champagne en deux gorgées et qui est visiblement pompette. Toutes ces robes sont pour des filles maigres et anorexiques. Nous, les filles Miller, nous avons des courbes. On s’en va.
— Et si on s’arrêtait pour manger un petit quelque chose avant le prochain rendez-vous ? dis-je à ma mère en lui prenant le verre vide des mains.
— Puis-je savoir chez qui vous vous re
ndez? demande la vendeuse tandis que je retourne dans la cabine pour me changer.
— Chez Monique de Vouvray, répond Vanessa.
Malgré une fois le rideau fermé, j’entends quasiment la mâchoire de la vendeuse tomber par terre de saisissement. Vanessa fait comme si de rien n’était, comme si un rendez-vous chez la plus célèbre, la plus recherchée et la plus exclusive créatrice de robe de mariée de New York, était une chose banale, mais je vois bien qu’elle retient un petit sourire. C’est la 432e raison pour laquelle Vanessa est ma meilleure amie – elle en veut à cette vendeuse prétentieuse d’avoir osé me demander si je comptais maigrir avant mon mariage et d’avoir insisté lourdement devant moi sur le fait que ma mère, avec sa taille 36, rentrait dans chacune des robes qu’elle lui a présentées.
(La vendeuse : — Quelle silhouette ! C’est grâce à la danse ?
Moi : — J’ai fait de la danse classique et des claquettes jusqu’à l’âge de douze ans.
La vendeuse : — Non, je parle de votre mère.
Ma mère : — J’adore le cha-cha-cha.)
— Ah, oui, notre rendez-vous chez Monique ! Allons-y tout de suite, dit ma mère avec un soupçon d’accent français tout en essayant de se tenir droite sans vaciller.
Elle est si excitée à l’idée de rencontrer Monique de Vouvray, la créatrice des robes de mariée des stars, que ce rendez-vous a été l’unique sujet de conversation de ses parties de mah-jong hebdomadaires depuis trois semaines. Ce qui était d’autant plus comique qu’elle massacrait le nom de famille de Monique sans s’en apercevoir.
— Ma mère nous tuera si nous sommes en retard, ajoute Vanessa en nous entraînant vers la sortie.
— Votre mère connaît Monique ? demande la vendeuse interloquée en haussant les sourcils malgré un front visiblement botoxé.
— Evidemment, jette Vanessa. Merci pour tout, au revoir.
Puis elle passe son bras sous le mien et me conduit rapidement vers l’ascenseur. Derrière nous, ma mère susurre dans l’oreille de la vendeuse mais assez fort pour que tout le monde l’entende, que la mère de Vanessa a autrefois été mannequin pour Monique. Elle se faufile dans l’ascenseur au moment où les portes se referment. (Je commençais à espérer qu’elle ne nous rejoindrait pas, mais Vanessa a appuyé sur le bouton d’ouverture des portes.)
Un instant plus tard, nous sommes en route. Le père de Vanessa nous a prêté sa voiture et son chauffeur pour la journée, afin que nous puissions sillonner la ville au gré de nos différents rendez-vous. Avachies sur le siège arrière de l’énorme Mercedes – affectueusement surnommée par ma mère la Nazie-mobile –, nous fonçons à travers la ville.
— Il faut absolument que tu manges quelque chose avant d’arriver chez Monique, dis-je à ma mère, je n’ai aucune envie que tu vomisses sur sa moquette.
— Il y a une foule de petites épiceries sur la IIIe Avenue, suggère Vanessa.
— Si tu vas chez Tasty D, une seconde dans la bouche, toute la vie sur les hanches ! chantonne ma mère d’une voix pâteuse.
Dire que j’ai entendu cela toute ma vie !
— Tommy, dis-je en m’adressant au chauffeur, pourriez-vous vous arrêter ici ?
Je sors en vitesse de la voiture et me précipite au Dunkin’ Donuts, pour revenir avec un énorme beignet, une douceur à laquelle je sais que ma mère ne résiste pas.
— Bon, d’accord, je veux bien en croquer une petite bouchée, dit-elle.
Vanessa lève les yeux au ciel.
Le temps d’arriver chez Monique, dans l’Upper East Side et de nous garer devant son ravissant immeuble de grès brun, ma mère a englouti son beignet.
Comme prévu.
Et aussi le café de Tommy que celui-ci lui a obligeamment offert.
Le lieu est à l’image du couple glamour qui vit et travaille là. Monique de Vouvray et son mari, Jean-Luc, un businessman français aux allures de top model, sont les cibles des tabloïds depuis bien avant la naissance de Britney et de Lindsay. Plus qu’un immeuble, il s’agit d’une immense et luxueuse maison de brique qui borde Central Park. On y accède en passant sous un porche entouré de colonnes, et si vous parvenez à jeter un coup d’œil furtif, malgré la présence dissuasive de caméras de surveillance, vous apercevrez une magnifique piscine. A gauche du porche : un garage pour deux voitures. Une volée de marches blanches conduit à l’imposante porte d’acajou à doubles battants, ornée d’un heurtoir de cuivre gravé des initiales entrelacées de Monique et Jean-Luc. L’entrée de leur maison est plus belle que celle de l’immeuble, pourtant hors de prix, où Jack et moi habitons. En fait, elle est plus belle que 98 % des immeubles de New York – Gracie Mansion comprise.
Alors que nous montons les marches, j’entends le déclic caractéristique d’un appareil photo. En me retournant, j’aperçois un photographe dissimulé derrière une voiture garée de l’autre côté de la rue. Seul l’objectif de son appareil dépasse du capot. Je dissimule un petit sourire. Puisque je suis désormais une cliente de la célèbre créatrice, on me prend sans doute pour une actrice de cinéma.
— Inutile de prendre la pose, Brooke, me dit Vanessa, qui me voit rentrer le ventre, il n’est pas là pour toi. Ce paparazzi planque ici en permanence au cas où il se passerait quelque chose d’intéressant.
Comme en 1979, quand Mick Jagger s’est intégralement déshabillé au beau milieu d’un cocktail organisé par Monique et Jean-Luc, avant de plonger dans la piscine. Cela n’aurait probablement pas eu d’écho, s’il n’avait pas entraîné Monique dans sa chute. Elle portait ce soir-là une robe blanche avec presque rien dessous. Il paraît que Playboy lui aurait offert un million de dollars pour poser nue après l’épisode robe blanche mouillée, arguant que les lecteurs avaient déjà presque tout vu de sa plastique, mais à en croire People, cette plaisanterie n’avait pas été du goût de Monique. En 1985, Brat Packer Bobby Highe avait été surpris dans une position compromettante dans l’une des salles de bains en compagnie de la nièce de Monique. A cette époque, ladite était âgée de quatorze ans. Il échappa de justesse à une inculpation et confia plus tard son amertume à Vanity Fair. Les femmes françaises étaient si séduisantes qu’il n’avait pas pu résister! Ce qui, bizarrement, devint le slogan publicitaire du nouveau parfum que Monique lança l’année suivante.
En 1998, ce fut au tour du mari de Monique de faire les gros titres parce qu’il organisait d’étranges réunions « culinaires » dans sa cuisine avec une gamme variée de « condiments », mais curieusement sans nourriture…
Pendant l’été 2003, on ne pouvait approcher de l’Upper East Side dans un rayon de dix blocs, car Monique et Jean-Luc accueillaient chez eux la soirée de fiançailles de Jennifer Lopez et Ben Affleck. La police de New York avait bloqué toute la partie est de Central Park parce que, tout le long de la Ve Avenue, photographes et touristes étaient plantés au milieu de la rue en attendant le baiser.
J’imagine que rien de tout cela ne se passera aujourd’hui, cependant cela ne coûte pas grand-chose de rentrer le ventre.
— Comment sais-tu qu’on ne nous photographiera pas ? dis-je à Vanessa en tournant subrepticement mon visage pour me présenter, au cas où, sous mon meilleur angle. Le gauche.
— Je le sais.
— Oui, mais comment sais-tu ?
Je monte les marches lentement, la tête joliment inclinée, guettant le déclic de l’appareil.
— Je le sais, c’est tout, dit-elle d’un ton péremptoire. D’accord ?
J’acquiesce à contrecœur mais je vois bien qu’elle se tient plus droite, elle aussi, à l’attention de notre invisible ami paparazzi.
Nous sommes accueillies par un portier, ce qui est plutôt étrange dans une maison particulière. Même à New York, seuls les immeubles de grand standing ont des portiers. Vanessa me fournit l’explication de sa présence, le showroom occupe le premier étage de la maison, le studio de création de Monique est au deuxième étage, et son mari et elle vivent au troisième. Je ne pose pas de question sur la piscine mais je sais ce que j’ai vu.
Je dois préciser ici qu’il est absolument impossible d’obtenir un rendez-vous avec Monique – elle ne crée des robes que pour les stars de cinéma, les femmes de diplomate et les gens très, très, très riches. C’est la raison pour laquelle elle n’a pas une simple boutique ouverte sur la rue et accessible à tous. C’est aussi sans doute pour échapper aux potins distillés par le New York Post. Si nous avons eu ce rendez-vous, c’est uniquement grâce à Millie, la mère de Vanessa. Monique et Millie s’étaient perdues de vue ces dernières années, mais elles avaient travaillé comme mannequins dans leur jeunesse et se sont récemment retrouvées, quand Millie a commandé à Monique une robe pour une réception organisée par l’Institut du costume au Metropolitan Museum of Art.
— Tu es sûrement Vanessa, dit Monique en serrant mon amie dans ses bras. Tu es aussi belle que ta mère. Il paraît que tu es une grande avocate ?
— Je ne sais pas si je suis si grande que cela, mais c’est vrai, je suis avocate, comme la future mariée. Avant que Brooke ne m’abandonne, nos travaillions toutes les deux chez Gilson, Hecht et Trattner.
— Jack travaille toujours avec toi, dis-je en souriant.
— Et voici Brooke, la future mariée, dit Monique en m’embrassant sur les deux joues.
Je lui présente ma mère, qui lui répond un « enchantée », avec un accent français à couper au couteau. Je me demande si nous n’aurions pas dû nous arrêter aussi au McDonald’s car, à l’évidence, le beignet et le café n’ont pas suffi; ma mère est toujours aussi pompette. Je lance un appel au secours silencieux à Vanessa pour qu’elle s’occupe de ma mère, mais elle est plongée dans la contemplation d’une grande photo encadrée de Vogue, représentant Monique et Millie. Le contraste entre la peau noire de sa mère et la peau pâle de Monique est saisissant. Millie, que je rencontre fréquemment dans sa galerie d’art downtown, est toujours aussi belle. Sinon plus. C’est aussi le cas de Monique, à présent assise sur un canapé en compagnie de ma mère… qui boit une nouvelle coupe de champagne.
— Il faut fêter cela, n’est-ce pas? dit Monique en me tendant une coupe.